Cela faisait un petit moment qu’on n’avait plus assisté à une journée aussi tonique que celle offerte cet après-midi en ouverture du Grand Prix d’Italie. Dans ces conditions un peu musclées pour des F50 à la limite de la surpuissance, quatre équipes se sont illustrées : Anglais, Australiens, Français et Danois dans l’ordre du classement provisoire. Au-delà du sport, on attend des nouvelles de Hans Henken, le contrôleur de vol américain qui s’est assommé dans le cockpit du bateau lors d’un crash dans la 3e course du jour.

Italy Sail Grand Prix | Taranto | Season 4 | France | Racing

Ciel chargé, mer anthracite, rafales soudaines et vent instable : ce samedi sur le plan d’eau de Taranto, ce n’était pas la dolce vita de carte postale ! Pour la première fois depuis le lancement de la saison, l’anémomètre est monté au- delà des 15 nœuds et les F50, affublés de leur aile medium, ont montré toute leur (sur)puissance. Dans ce contexte un peu tendu, quatre équipes ont excellé.

Les Australiens d’abord. Slingsby et son groupe remportent proprement les deux premières courses grâce à des départs canon, et des parcours exécutés intégralement en tête. Leur troisième manche sera moins brillante (5e) : trop pressés sur la ligne de départ, ils sont pénalisés, et doivent remonter de la dernière à la 5e place.

Les Britanniques ensuite. Probablement boostés par leur récente victoire à Saint-Tropez, Ainslie et sa bande ont été parmi les grands animateurs de cette première journée et ont impressionné par leur régularité de métronome (2,2,3). Ils occupent ce soir le haut du classement provisoire, à égalité de points avec les « Aussies ».

Réputés à l’aise dans la brise, les Français ont retrouvé des couleurs et ont répondu présent. Malgré un souci technique d’avant départ qui aurait pu les priver de compétition (voir plus loin les déclarations de Quentin Delapierre et Amélie Riou), ils ont su se remobiliser et se sont montrés solides dans les phases de départ et “propres” sur le parcours. Résultat, trois belles manches ( 3,4,2) et un podium provisoire prometteur à la veille du dénouement.

Un petit point derrière les Bleus, les Danois confirment leur ascension depuis le lancement de cette saison 4. Vainqueurs de la dernière régate, ils peuvent eux aussi lorgner sur une finale italienne.

Hans Henken à l’hôpital
Deux incidents ont émaillé cette journée d’ouverture. La casse d’un foil tribord chez les Allemands qui les empêche de prendre le départ de la 3e manche.

Plus grave, l’accident survenu dans cette même course à bord du bateau américain. A la première porte au vent, pendant l’abattée, le F50 de James Spithill se cabre et crashe. Hans Henken, le contrôleur de vol, percute l’arceau du cockpit et s’assomme. Conscient, il a très rapidement été pris en charge et conduit à l’hôpital afin de subir des examens.

Demain dimanche, les influences orageuses pourraient encore perturber le plan d’eau de Taranto, avec un vent potentiellement plus faible et variable en direction. Quatre à cinq équipes peuvent prétendre à disputer la finale. Dont les Frenchies, avides de renouer avec le succès.

Ils ont dit

Amélie Riou, stratégiste de l’équipe de France : « Ça a été une journée un peu épique car on a démarré avec un gros problème d’hydraulique à bord. On a cru un moment qu’on allait regarder les manches depuis le canapé ! Ça a pris pratiquement trois quarts d’heure avant que l’équipe technique de SailGP arrive à réparer. Ils ont fait un super boulot. Du coup, nous n’avons pas pu nous entraîner avant le premier départ. Il a donc fallu se remobiliser, être hyper adaptables pour entrer efficacement en mode compet’. Je crois qu’on a poussé la limite un peu plus loin que tout le monde en termes de prise de risque, de hauteur de vol et ça a payé. C’est une bonne journée pour nous, on en sort avec le sourire ! »

Quentin Delapierre, pilote : « On est très contents. C’est bien d’avoir réussi cette journée malgré nos soucis d’avant départ : c’est une belle preuve de caractère ! C’était très technique aujourd’hui, déjà pour maintenir le bateau à l’endroit et ensuite pour rester propre dans les manœuvres. On a sorti trois bons départs et on a réussi à maintenir notre position, voire à gagner quelques places dans la deuxième course. Il y avait du jeu aussi avec ce vent instable. On a joué parfois, pas toujours avec succès, mais on est contents d’avoir tenté et on sent que l’inspiration est là. On sent que c’est en train de revenir ! A bord, c’est détendu, on rigole, il y a de la légèreté. C’est peut-être l’effet « Italie ». On se sent super bien ici ! ».

A propos de l’incident survenu sur le bateau américain : « Ils ont crashé dans une abattée et le contrôleur de vol s’est pris l’arceau du cockpit. Ils ont cru un moment qu’il était passé à l’eau (le skipper James Spithill avait émis un « man overboard » à la radio, ndr), mais en réalité, il était assommé, allongé dans le cockpit. Quand il y a du vent comme ça, SailGP devient un sport extrême. Pendant les courses, on est tous à bloc et des accidents comme celui-ci peuvent survenir, malheureusement ».